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Expérimentations personnelles

Posté : 04 août 2020 16:00
par mogui
Moi j'aime bien expérimenter, observer, tester.
Donc je ne me contente pas de cultiver des variétés de tomates parfaitement stables et identifiées.
Je conserve également des graines de tomates mutantes, non identifiées, hybrides F1, non conformes, et hybridées (hybridation par mes soins, ou sauvage ...)

Je les teste sur quelques générations, et si elles sont à peu près stables je les évalue sur 5 critères principaux :

1/ Le gout
2/ La précocité
3/ La résistance (maladies, conditions extrêmes ...)
4/ La productivité
5/ L'aspect esthétique et l'originalité

Je me propose de vous évoquer ici quelques unes de mes expériences.
Si vous en faites aussi de votre côté, n'hésitez pas a venir enrichir ce fil :clin:

Expérimentations personnelles

Posté : 04 août 2020 16:25
par mogui
Premier exemple avec une tomate fortement instable, du moins à l'époque de sa première commercialisation : La Chef Hubert

Il y a quelques années j'étais allé assister à une conférence de Tom Wagner, une légende de la tomate, et hybrideur de génie (c'est lui qui a créé la Green zebra).
Très enthousiaste après ça, j'ai acheté plein de graines de ses créations à Kokopelli.
Double erreur ! :bref:

D'une part, Tom Wagner met en circulation des variétés absolument pas fixées, et d'autre part Kokopelli est sans doute un des semenciers les moins rigoureux.

Résultat : la plupart de ces variétés ont pas mal fluctué chez moi.
Un petit croquis pour visualiser :

Image

La tomate Chef Hubert (sur la photo du haut) est une petite tomate rouge contenant des anthocyanes, c'est à dire des pigments bleus.
Cultivée chez moi, elle a donné deux sortes de tomates (photo du dessous) : vertes, plus ou moins ambrées mais sans la moindre trace de pigment bleu (ligne en dessous).

Cette année j'ai repris les graines d'une de ces tomates, et j'ai obtenu de toutes petits tomates rose orangées.
Voilà donc une tomate très instable, et sans doute pour moi. je vais sans doute arrêter là cette expérience.

Expérimentations personnelles

Posté : 04 août 2020 21:51
par valeriec
:elo:
En général il faut au minimum une dizaine d’années (F10) pour fixer totalement une variété. Manque de chance, dans mes souvenirs, les tomates ne sont pas sujet facilement à l’haploidisation, d’où la difficulté et le temps nécessaire pour fixer la variété correctement. C’est vrai que cela serait plus facile si on avait des individus haploïdes à la base. En tout cas félicitations pour la création de nouvelles variétés, il est vrai que c’est un travail de longue haleine. Et désolée pour la fermeture du forum Tomodori, c’était un plaisir de lire les informations au sein des postes.

Expérimentations personnelles

Posté : 04 août 2020 22:36
par valeriec
:elo:
Je continue sur ce sujet des tomates bleue car il m’intéresse particulièrement, tu vas me dire si je me trompe car j’ai toujours entendu dire qu’il ne fallait pas cultiver de tomate bleue dans son jardin sous peine de voir une possibilité de fécondation croisée avec les autres tomates environnantes. De ce que je connais, les tomates sont en majorité autogame (même si elle présente un certain phénomène d’auto incompatibilité), or les variétés à pigment bleu (anthocyane) ont été obtenues historiquement par des croisements avec des espèces allogames, résultat des courses les fleurs de ces variétés ne sont plus réellement autogame mais plutôt allogame.

Et cela pose un double problème, les fleurs de ces variétés bleues sont susceptibles de se croiser beaucoup plus facilement avec n’importe quoi, et les pistils de ces fleurs ont tendance à sortir à l’air plus facilement et donc disperser leur pollen plus facilement. Troisième problème, c’est un propos que j’ai lu mais je n’arrive pas à trouver une publication scientifique qui prouve cela, il « paraît » que le pollen de ces fleurs de tomates bleues est de plus petit diamètre ce qui donc faciliterait les fécondations croisées.

Donc globalement une quasi impossibilité de les pérenniser au jardin facilement, à moins de mettre les fleurs avec des sachets, et un problème de dispersion du pollen accru vers les autres variétés.

Est-ce que je n’ai pas dit trop de bêtises ? :ohoh: :lol:

Pour finir sur le sujet de l’ensachage, j’avoue que personnellement je n’en sache pas les variétés de tomates et je refais mes graines d’année en année sans jusqu’ici aucun problème de stabilité, mais je ne cultive absolument pas de tomates bleues… Quelqu’un aurait-il un retour d’expérience sur ces variétés particulières ? Sans doute toi mogui...

:mer6: pour ton avis et la discussion

Expérimentations personnelles

Posté : 04 août 2020 22:56
par mogui
Non, c'est tout à fait ça :super:

En fait c'est José Antoine, célèbre amateur de tomate Belge (et créateur de la tomate Ananas bleue), qui était grand fan des tomates bleues il y a 10 ans, mais qui a fait croisade plus récemment pour qu'on cesse de les cultiver, à cause des risques élevés d'hybridation sauvage (d'après lui).

Pour ma part je cultive une bleue chaque année, totalement à l'écart des autres. en 2018 : blue chocolate, en 2019 : Clakamas blueberry, cette année : indigo rose.

Image

Expérimentations personnelles

Posté : 04 août 2020 22:59
par valeriec
:elo: Quand tu dis à l’écart des autres, c’est à combien de mètres ? Et tu ensaches systématiquement tes bouquets de tomates bleues ?

Expérimentations personnelles

Posté : 04 août 2020 23:14
par mogui
Non, je n'ensache pas les bleues.
Les autres oui, enfin la plupart de temps car je ne suis pas assez rigoureux sur le question (c'est pour ça que je fais peu d'échanges, et toujours sans garantie).

Auparavant je cultivais une variété de tomates bleues sur la terrasse, et les autres tomates sur un jardin familial situé à plus de 3 km de mon domicile. Tu conviendras que les risques d'hybridation étaient faibles.
Depuis 2 ans je dispose d'un terrain de 4000 m2. Je cultive les bleues (enfin : un seul plant cette année) sur une petite enclave éloignée de plusieurs centaines de mètres de mon potager. Il y a la maison, la grange et plusieurs grandes haies entre les deux.
Bon évidemment, ce n'est pas ce qui arrêtera un bourdon ....

Expérimentations personnelles

Posté : 04 août 2020 23:27
par valeriec
:elo: mogui,
D’où l’avantage d’avoir un grand terrain :super: , je t’accorde que la distance n’est pas forcément ce qui empêche le bourdon mais je pense que les conditions atmosphériques sont également un paramètre important outre les pollenisateurs dans les risques d’hybridation des tomates. Or dans le nord, nous n’avons pas particulièrement des climats tropicaux, je pense donc que les risques d’hybridation des tomates sont assez faibles, d’où mon non ensachage des variétés que je cultive dans mon jardin. Et je t’assure que depuis cinq ans que je le fais (ou plutôt que je ne le fais pas :lol: ), je n’ai jusqu’ici ( je touche du bois) aucun problème de reproduction. Mais comme je te l’ai précédemment écrit je n’ai pas de tomates bleues.